La fessée : un peu, beaucoup ou pas du tout ?
- le mai 04, 2015
- par Anna
- dans education, les enfants
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La fessée: sujet qui fait actuellement débat, le Conseil de l’Europe ayant considéré que la loi française « ne prévoit pas d’interdiction suffisamment claire, contraignante et précise des châtiments corporels », et alors que 27 des 47 pays de l’Union l’ont déjà interdite.
Est-ce qu’une fessée occasionnelle peut être assimilée à de la maltraitance? Est-elle toujours inévitable? L’enfant est-il traumatisé par une fessée si elle reste occasionnelle et que ses parents sont bienveillants et aimants?
Personne de sensé peut accepter la maltraitance infantile. Personne de sensé peut l’encourager ou la minimiser. Quant à la fessée, il ne faut ni la minimiser en vantant son utilisation, ni à diaboliser en culpabilisant à outrance les parents.
Concernant une loi contre la fessée, il y a les pours et les contres. Les contres sont des gens qui comme moi pensent qu’il est préférable en effet de s’en passer, mais qui ne souhaitent pas que l’Etat mette son nez dans la vie privée des gens.
Avant tout, je tiens à rappeler que je parle de fessée (petite tape infligée à la main sur les fesses) et non pas de coups, gifles ou autre. D’ailleurs, c’est un mot qui est suffisamment explicite… c’est frapper sur les fesses et rien d’autre! Il est impératif de ne pas confondre fessée occasionnelle et maltraitance;
J’ai lu dans la presse quelques articles dénonçant la fessée et quand on voit les photos qui les illustrent, on ne peut qu’être contre (on voit un adulte mi-parent mi-tyran terrorisant son enfant ou encore mettant son enfant pantalon baissé sur ses genoux pour le fesser). Ils ont vraiment l’air méchant ! Je préfère ne pas faire de bêtises…
Je suis la première à vouloir combattre la maltraitance des enfants et je trouve qu’il y a encore beaucoup à faire pour détecter les maltraitances dans les familles, surtout quand on voit qu’il y deux enfants par jour qui meurent sous les coups de leurs parents, triste constat.
Maintenant si on interdit la fessée, devenant ainsi illégale c’est sous-entendre qu’un parent qui la donne a commis un délit et c’est le risque de mettre tous les parents dans le même sac: parents maltraitants comme les parents qui donne qu’une toute petite tape et qui culpabilisent déjà suffisamment sans qu’on vienne en plus criminaliser leur acte. Si on légifère, alors un jour l’enfant pourra traîner ses propres parents au tribunal et je vous laisse imaginer la toute puissance que cela donne à l’enfant. C’est dresser les enfants contre leurs parents.
Voici un petit passage tiré du journal Le Point:
« Opposer les enfants à leurs propres parents »
Mais pour le Comité européen des droits sociaux, ces dispositions restent insuffisantes dans la mesure où « elles ne couvrent pas nécessairement toutes les formes de châtiments corporels ». À l’heure actuelle, selon l’ONG Approach, 27 des 47 pays membres du Conseil de l’Europe et 44 États interdisent en toutes circonstances d’infliger des châtiments corporels aux enfants, et notamment les claques, les gifles et les fessées.
A-t-on vraiment besoin d’une loi sur le sujet ? Non, selon l’avocat à la Cour de cassation Didier Bouthors. « En l’état, il n’existe aucun droit de correction organisé en France comme il l’était en Angleterre avant que ce pays ne se fasse condamner par la Cour européenne. En outre, ériger la fessée paternelle en infraction pénale reviendrait à opposer directement les enfants à leurs propres parents pour des événements sans gravité intrinsèque, la persuasion devant être préférée à la répression », assure l’avocat. Celui-ci pointe aussi les effets pervers d’une nouvelle incrimination. « En pratique, l’application d’une telle loi reviendrait à confier à une institution le soin d’attaquer les parents sur la base des confidences des enfants », relève Me Bouthors. En clair, c’est la porte ouverte aux abus, et, le cas échéant, aux dénonciations mensongères dont la société française pourrait parfaitement se passer.
Certes nous, parents, devont respecter nos enfants, les traiter comme des personnes mais je crois fortement que le respect que l’enfant doit à ses parents est plus important encore que celui que ses parents lui doivent. Les parents, de par le fait qu’ils nourrissent, vêtissent, protègent et éduquent leurs enfants, ceux-ci leurs sont redevables (sans parler des cas particuliers tels que les parents démissionnaires ou maltraitants).
Je veux bien que l’on interdise la fessée chez tout le monde, pour éviter les débordements mais dans ce cas-là, faisons la même chose avec l’alcool. Mais pourquoi me direz-vous? Eh bien interdisons-le car il est parfois (souvent?) à l’origine de maltraitances infantiles et même si la plupart des gens s’insurgeront en disant que « non! mais moi je contrôle, je ne dépasse pas une certaine limite, je sais m’arrêter etc » et bien, interdisons-le au nom de la protection de l’enfance, de la femme , des piétons et autres personnes subissant la maltraitance physique et verbale des personnes ivres! Oui je sais, je m’emballe….
Tout comme l’alcool est toléré , comptant sur la « sagesse » des consommateurs, alors faisons de même avec la fessée! Nous savons pourtant tous que l’alcool fait bien plus de dégâts dans les foyers que la fessée. L’alcool est source de beaucoup de maltraitances physiques et psychologiques chez les enfants. Alors, pourquoi ne s’attaquer qu’à la fessée? Interdisons toutes les possibles sources de violence domestique !?
Ce n’est pas en interdisant la fessée qu’on va diminuer la souffrance des enfants. La plupart d’entre nous avons reçu des fessées. Je vous pose une question: sommes nous traumatisés, mal dans note peau, avec trouble du comportement à la clé? Vous savez, si les parents sont bienveillants et souhaitent le bonheur de leurs enfants, ce n’est pas un geste, certes malheureux mais ponctuel, qui va traumatiser un enfant car le climat qui règne chez lui est bienveillant et l’enfant est rassuré par l’amour de ses parents.

Comme le dit Claude Halmos, psychanalyste devenue l’une des spécialistes reconnues de l’enfance et de la maltraitance, il faut arrêter de diaboliser les parents qui donnent une fessée occasionnelle, sans fierté aucune! J’aurai l’occasion de vous poster la vidéo de son intervention dans l’émission « Les maternelles« .
Je voudrais aussi ajouter que la violence verbale peut avoir, et souvent a, bien plus de séquelles sur le comportement et la personnalité de l’enfant. Alors, à quand une loi détaillant tout ce que le parent peut ou ne peut pas dire à son enfant. Et pourquoi pas un livret explicatif de « Ce que peuvent te dire tes parents ou pas », qui serait distribué dans les écoles, pour que l’enfant puisse nous dire ce que nous pouvons leur dire ou pas? Oui je sais je pousse le bouchon un peu loin!
Selon Caroline Thompson, psychanalyste et thérapeute familiale, qui ne défend pas les châtiments corporels mais nuance: « Recevoir une tape sur les fessées, est-ce d’une grande violence par rapport à beaucoup d’autres choses que vivent les enfants ?, interroge-t-elle. Dans ma pratique, ce n’est pas le problème principal évoqué par les enfants ou les adultes quand ils parlent de leur enfance. Les violences psychologiques, sur lesquelles il est impossible de légiférer, viennent loin devant. »
Il est préférable de ne pas donner de fessée ou de tape sur la main, et y recourir très souvent endurci le coeur de l’enfant et risque de le rendre violent ou agressif. Il apprendra que quand on est en colère, on peut frapper. Quand on n’arrive plus à gérer une situation, on peut frapper aussi. Et quand on veut s’imposer, on peut frapper. Je pense que ce n’est pas ce que nous voulons leur enseigner en tant que parents.
Je peux comprendre ce désir d’interdire totalement la fessée, pour éviter que certains parents aient la main trop lourde, qu’ils n’abusent de leur force lorsqu’ils sont en colère. Mais plutôt que d’interdire la fessée et de légiférer, apprenons aux parents à être plus patients et à maîtriser leur colère, à être capable de désamorcer les conflits et à gérer les frustrations et caprices de leurs enfants. Il faut éduquer les parents à faire autrement, sans les culpabiliser à outrance si malgré leurs efforts une fessée leur a échappé. Je reviendrai sur ce point-là dans d’autres articles: l’importance du modèle que les parents donnent à leurs enfants. Le calme appelle le calme: si les parents hurlent, les enfants hurlent !
Encore une fois et pour être bien claire, je ne fais pas l’apologie de la fessée et mes enfants en ont très peu reçu. Je dis juste que je ne veux pas être taxée de criminelle si j’en donne une.
J’ai envie de vous dire que comme tout sujet épineux, il existe des divergences et des points de vue différents qui dépendent de plusieurs facteurs: l’enfance de chaque personne, le modèle parental que chacun adopte, les conviction personnelles etc. Par contre, il n’y a rien à gagner à diaboliser les parents à qui il peut arriver de donner des fessées, parce-que l’enfant a dépassé des limites.
Je suis pour la bienveillance dans nos foyers. Pour l’harmonie aussi. Et cette harmonie ne sera possible que si les parents instaurent un respect mutuel avec leurs enfants.
« Le respect mutuel est le fondement de la véritable harmonie. » (Dalai Lama)
Je conclurai cet article par une évidence: pour éradiquer la guerre dans le monde faut commencer par instaurer la paix dans notre petit univers (c’est-à-dire notre famille).
En résumé:
- On peut être contre la fessée comme mode éducatif et en même temps être contre une loi l’interdisant
- Il ne faut pas s’immiscer dans les familles, au risque de saper l’autorité parentale aux yeux des enfant
- Il ne faut pas diaboliser les parents qui en donnent
- Il ne faut pas confondre fessée et maltraitance
- Les violences psychologiques et verbales sont plus graves qu’une simple fessée occasionnelle
- Moins de violence dans les familles, c’est moins de violence dans la société
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