« L’autorité expliquée aux parents » de Claude Halmos (partie 2)
- le juin 06, 2015
- par Anna
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Bonjour!
Voici la deuxième partie du résumé du livre de la psychanalyste Claude Halmos. Vous pouvez lire ou relire la première partie ici.
Pourquoi l’autorité est-elle si difficile pour les parents?
Exercer l’autorité est difficile car elle est accompagnée de beaucoup de responsabilités et d’un sentiment de solitude. C’est une lourde charge car le parent est le seul à prendre la décision finale, et il se demande si ce qu’il exige est juste. Le parent ne peut se laisser envahir par les sentiments ou les émotions car il a une tâche à remplir: éduquer l’enfant.
Les parents ont peur de faire souffrir leurs enfants, mais le conflit est inévitable, car l’enfant s’oppose toujours dans un premier temps aux règles. Il ne faut pas que cette opposition dure trop longtemps ou qu’elle soit trop violente. Les parents doivent être prêts à gérer les conflits car il ne peuvent pas accepter que l’enfant négocie tout le temps car ils n’ont pas la même place. La négociation a lieu quand deux personnes sont sur le même pied d’égalité. L’enfant doit comprendre qu’il ne peut pas négocier les règles fondamentales mais on peut céder sur des petites choses sans importance (comme mettre le pull bleu au lieu du vert).
Aujourd’hui les parents ont du mal à punir l’enfant s’il transgresse sans arrêt. Or si l’enfant n’est pas puni, il ne comprend pas l’interdit, ce n’est que du « bla-bla » ! Du coup l’enfant ne comprend pas l’importance de la règle, et la parole n’a plus de valeur puisqu’elle n’est pas suivie des faits.
Les enfants sont très logiques: si les parents ne sont pas fermes dans un domaine, ils se discréditent dans les autres domaines aussi. L’enfant pense que c’est finalement pas si grave s’il vole par exemple puisqu’il n’est pas puni. Du coup, il sera tenté de transgresser dans d’autres domaines.
L’enfant doit apprendre que dans la société il y a des punitions pour ceux qui transgressent les règles (prison, amendes etc).
La sanction ne doit pas être violente ni humiliante: c’est un prix à payer pour une faute. Les parents ont peur d’être injustes avec leurs enfants et de les violenter. Ils ont en tête l’image de parents qui utilisent les punitions pas pour faire comprendre les règles mais pour satisfaire leur sadisme. Des enfants sont torturés au nom de l’éducation malheureusement.
Comme le rappelle Claude Halmos, notre époque ne définit la relation parent-enfant qu’en terme d’amour, de sentiments. Les parents ont peur de perdre l’amour de leur enfant, peur d’être de mauvais parents. On a fétichisé, sacralisé l’enfant! Il est celui qu’il ne faut pas contraindre.
Comment punir?
Pour Claude Halmos, il n’y a pas de bonnes ou mauvaises punitions. On ne peut pas faire un catalogue des punitions car elles sont une invention des parents, et qu’elle peuvent évoluer selon l’enfant et la période etc. Tout dépend du contexte, de l’enfant et de la personnalité du parent. La punition doit venir d’eux, il doivent la sentir comme étant juste. Si les parents appliquent des recettes toutes faites, données par des professionnels, l’enfant sentira que ses parents ne sont pas convaincus et qu’il doutent.
Les principes généraux à respecter pour la punition sont:
- on punit si on est certain que l’enfant connait la règle et qu’il fait exprès de la transgresser
- la punition ne doit pas être violente et doit être accompagnée d’explications
- elle ne doit pas être humiliante
Il faut expliquer à l’enfant que c’est son acte qui est sanctionné et pas sa personne. Il ne faut pas associer l’enfant à son acte. S’il vole, on sanctionne le vol, on ne dit pas que c’est un voleur.
Certains professionnels « bien-pensants » dramatisent la fessée et la gifle, ce qui a pour conséquence de faire culpabiliser les parents à outrance, et de leur faire perdre confiance en leurs capacités d’éduquer. Alors même qu’ils aiment et respectent leurs enfants, on leur dit qu’ils sont devenus des maltraitants ! Des parents vont en consultation car ils ont peur que la fessée donnée ait traumatisé leur enfant. Or celui-ci n’est pas traumatisé s’il se sent aimé et respecté par ses parents.
Il faut prendre en compte le contexte dans lequel elle a été donnée. La gifle ou la fessée ne sont pas idéales mais elles sont souvent difficiles à éviter car:
- les parents ont des limites et l’enfant doit comprendre que ses parents ne sont pas en béton. L’enfant comprend que les autres ne sont pas des poupées avec lesquelles on fait ce qu’on veut. Il sait que les parents ne sont pas invincibles puisqu’ils peuvent « craquer » ce qui le rassure.
- les enfants ne sont pas des anges. Il sont très malins et ont besoin d’instaurer un rapport de force avec leurs parents. Il vérifie la solidité des règles.
Le conflit peut s’aggraver quand les parents ne posent pas de limites puisque l’enfant va aller les chercher encore plus loin! Quand l’enfant a découvert ce qui fait craquer ses parents, ça l’amuse de jouer avec cette faille! Dans ce jeu, l’enfant cherche à réduire son parent à l’impuissance, en le poussant à bout, jusqu’à la fessée. L’enfant cherche inconsciemment à être le « chef ».
Lorsque les parents finissent par donner une fessée, il se sentent coupables de ne pas ressembler au parent idéal qu’ils ont en tête, mais qui n’existe pas. Il ne faut pas évaluer les actes des parents en fonction d’un idéal car c’est dévalorisant pour eux puisqu’ils n’arrivent pas à l’atteindre!
Temps que l’enfant comprend ce qu’on lui demande, on ne peut pas dire qu’il est trop petit pour obéir. Il faut donc renvoyer les enfants à leurs responsabilités, comme s’il étaient des grands.
Le respect n’est pas à sens unique: les parents doivent respecter leurs enfants mais les enfants aussi doivent respecter leurs parents, ce qui est trop oublié aujourd’hui. Il n’y a pas de droits sans devoirs.
Il n’y a pas de détails dans l’éducation, car les petits laissez-aller sont symboliques pour l’enfant. Il n’y a pas de petites transgressions. Par exemple, le fait de répéter 10 fois qu’il doit s’habiller, ce n’est pas anodin. L’enfant se sent tout-puissant à ce moment-là. Il ne doit pas transgresser la règle, même un petit peu.
Les parents maltraitants sont ceux qui frappent leurs enfants pour se sentir tout puissant ou parce-que les voir souffrir les réjoui. Ils les accusent d’exister, ils dramatisent la moindre faute commise par l’enfant. C’est en sachant ce qu’est la réelle maltraitance qu’on peut savoir ce qui n’en ai pas. Malheureusement, les enfants maltraités ne sont pas suffisamment protégés.
Pourquoi est-il si difficile de punir?
Dans notre société, les gifles et les fessées sont dramatisées et considérées comme des violences car elles seraient selon certains spécialistes irrespectueuses de l’enfant. C’est un argument qu’on ne peut pas contredire, au risque de se faire passer pour un tortionnaire! Mais de quel enfant s’agit-il?
Les dangers qui guettent nos enfants aujourd’hui sont:
- la crise qui hypothèque leur avenir. Comment se construire si on se dit qu’on a aucune chance de réussir plus tard?
- la dévalorisation de l’éducation qui les rend incapables de vivre correctement en société (délinquance). Cette dévalorisation est la conséquence de la vision de la relation parent-enfant: l’enfant est fétichisé.
Ceux qui combattent ardemment la fessée cherchent sans le savoir à protéger cet enfant fétichisé et idéalisé. Aider l’enfant à se construire c’est l’éduquer et on ne peut pas l’éduquer qu’avec des bonnes paroles ou des câlins.
Le combat qu’il faut mener, ce n’est pas contre la fessée mais contre le manque d’éducation!
Si on culpabilise les parents en leur disant qu’ils sont maltraitants s’ils donnent une fessée, on les réduit à l’impuissance car ils ont une image très négative de leur acte. Il se sentent empêchés et démunis et l’enfant le sent et en joue.
Selon Claude Halmos, deux mythes détruisent la légitimé de l’autorité parentale:
- le mythe de l’autorité naturelle
- le mythe du parent zen
Un parent ne peut pas rester toujours calme et tant mieux, c’est ce qui aide l’enfant à prendre conscience de la gravité de ses actes. Il comprend que ce qu’il a fait est vraiment grave et qu’il ne doit plus recommencer.
Les parents ont peur de l’autoritarisme. Ils ont peur que leur enfant se sente mal-aimé et peur que leur enfant ne les aime plus. Ils ont aussi peur que l’enfant souffre. C’est vrai qu’un enfant à qui on pose une limite souffre puisqu’on contrarie son plaisir et sa toute-puissance. Il rejette la limite et en même temps la recherche.
Certains enfants consultent car ils sont malheureux et pleurnichent tout le temps. Leur seul problème est qu’ils transgressent régulièrement des petites règles. Il n’y a pas de détails dans l’éducation. Par exemple:
- ils dorment dans le lit de leurs parents
- ils ne vont pas se coucher à l’heure
- ils ne viennent pas à table immédiatement
- ils agressent leurs frères et soeurs
- ils montrent leur nudité etc.
Ils ne s’opposent pas de manière violente mais imposent leur autorité discrètement. Ils font ce qu’ils veulent, comme ils veulent et quand ils veulent, sans qu’on s’en rende compte. C’est pour cela qu’ils sont malheureux.
Il est important que le rôle du père et de la mère soient différenciés. Les deux ne peuvent pas commander ensemble.
La mère est capable d’être autoritaire mais le garant de l’autorité reste le père et il faut faire appel à lui pour trancher certains conflits. C’est faire appel à la loi, chose que les délinquants ne savent pas faire (ils règlent leurs problèmes à deux).
Si une maman élève seule ses enfants, elle peut quand même faire référence au père (« si ton père était là, il dirait…. », « tous les pères font… »). D’ailleurs si le père est toujours là mais que la mère ne le considère pas, c’est comme s’il n’existait pas.
Trop d’autorité – Pas assez d’autorité – Quels problèmes pour l’enfant?
Un parent trop autoritaire donne trop d’ordres mais surtout ses ordres ne sont pas justes. L’autorité juste, c’est de faire comprendre à l’enfant que les lois des parents sont aussi celles de la société.
Un parent autoritariste impose ses caprices ou ses angoisses, sans considérer l’enfant.
Plus l’enfant grandit et plus l’autorité des parents doit évoluer pour s’adapter à l’adolescent mais sans cesser d’exister. Comme le petit enfant, l’adolescent teste les limites pour voir si les règles sont toujours d’actualité. Et en même temps il a besoin que les parents ne cèdent pas sinon il se sent perdu.
Pour ne pas tomber dans l’autoritarisme les parents essaient de trouver le juste milieu, contrairement aux parents tyranniquess qui sont toujours sûrs d’avoir raison. L’ado ne peut pas dialoguer avec eux, il peut même ressentir du désespoir.
Les enfants de parents trop autoritaires sont:
- soit des enfants inhibés et « sages », car ils ont appris à ne pas exprimer leurs opinions, à ne pas contredire…
- soit des enfants agités qui font n’importe quoi quand ils ont décidé de se rebeller. On dit d’eux qu’ils ont des troubles du comportement.
Dans ce genre de famille:
- l’adulte est un supérieur qui asservit
- les enfants sont les sujets passifs du maître
- les limites ne sont pas là pour le bonheur de l’enfant mais pour montrer le pouvoir du parent
Contrairement à ce que pensent ce genre de parents, l’enfant n’aura pas le sens des limites si on lui interdit tout. Au contraire, puisque les règles sont injustes, il va toujours essayer de les contourner. Il devient un rebelle à toute règle.
Les enfants qui souffrent d’un manque d’autorité ont plusieurs problèmes:
- ils sont immatures
- ils ont du mal à s’intégrer à l’école
- ils ont des retards scolaires, sont dyslexiques
- ils sont angoissés car ne savent pas ce qu’ils peuvent faire ou pas, s’ils vont être punis ou pas
- ils ne se sentent pas en sécurité car si ses parents lui cèdent facilement, ça veut dire qu’ils ne sont pas assez forts pour les défendre contre les « méchants » par ex
Trop d’autorité et pas assez d’autorité: les deux sont la cause de la délinquance. La délinquance est donc un problème d’éducation et ce n’est pas génétique!
Et pour conclure…
Les parents doivent se faire confiance et écouter leur instinct!
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Et vous?
Dites-moi dans les commentaires ci-dessous ce qu’évoque pour vous le mot « autorité »… Est-ce que vous trouvez que vous êtes trop ou pas assez autoritaire avec vos enfants?
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